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Le journal d'un vagabond

Le journal d'un vagabond
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8 février 2008

Rambouillet

parc

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31 janvier 2005

Une excellente soirée chez ce petit curé espagnol

Une excellente soirée chez ce petit curé espagnol qui m'a reçu comme un prince. On dira ce qu'on voudra mais il y a certains curés de campagne qui ont su développer une hospitalité et un art de vivre au dessus du commun. Celui-là nous a sorti une bouteille d'un petit vin du pays assez extraordinaire. Quand je lui ai demandé si c'était du vin de messe, il a levé les yeux au ciel.

Hier, nous avons passé avec Vic la frontière du Portugal. Un type sympa nous a déposés à Tavira. C'est une adorable petite ville au bord de l'océan. Nous avons passé la nuit dehors mais je vais essayer de nous trouver un coin un peu plus abrité pour la nuit prochaine, car s'il fait bon cet après-midi (le soleil brillant aide beaucoup, il faut dire), ce matin, au lever du jour, il ne devait pas faire plus de trois degrés. Nous sommes heureux d'avoir retrouvé la mer et le soleil. J'ai découvert un endroit entre océan et marais salants qui est merveilleux. Il y a de loin en loin de petites cabanes de pêcheur et certaines ont l'air abandonnées. L'une d'entre elles devrait constituer un abri plus que convenable. Vic, que l'au froide n'a jamais rebutée, a déjà pris plusieurs bains...

29 janvier 2005

De Valdepenas à Andujar avant-hier, De Andujar à

De Valdepenas à Andujar avant-hier, De Andujar à Cordoba  et Ecija hier, et aujourd'hui j'ai dépassé Sevilla. Si ça continue à marcher comme ça, demain soir, je serai au Portugal. En milieu d'après-midi, c'est un curé en soutane qui m'a pris dans une toute petite Seat d'un modèle digne d'un musée de l'automobile. Vic tenait toute la banquette arrière, banquette qui ne craignait plus grand chose d'ailleurs car par le tissu déchiré sortaient à deux ou trois endroits de la filasse et des ressorts. Il m'a demandé pourquoi j'étais sur la route comme ça et je lui ai cité un passage des évangiles qui parlait des oiseaux et des hommes : si les oiseaux parvenaient à vivre au jour le jour sous la protection de Dieu, pourquoi les hommes n'y parviendraient-ils pas ? Il a convenu que c'était un excellent argument. Du coup, il m'a invité à passer la nuit au presbytère. 

28 janvier 2005

26 janvier 2005

Le routier d'hier m'a fait faire un grand bond en

Le routier d'hier m'a fait faire un grand bond en avant : il nous a déposés à la sortie de Madrid, dans un foyer d'hébergement qu'il connaissait. Là, j'ai fait la connaissance de Paco, sorte de clochard poète qui m'a dit ses poèmes jusqu'à plus de deux heures du matin. Chaque poème, il me le récitait une première fois en espagnol, et il me le traduisait ensuite en français car mon espagnol rudimentaire ne me permettait pas de comprendre les subtilités du langage poétique. C'étaient des poèmes très courts, mais qui faisaient naître des tas d'images. Je me souviens de l'un d'entre eux et ça donnait à peu près ceci :

Le ciel et la terre

Forment un écrin doré

Où l'âme en paix

Je puis me reposer...

Lorsque je suis reparti, ce matin, je considérais le monde et tout ce qui m'entourait avec un peu plus de sérénité. Comme je suis dans une période faste pour le stop, un type, dans une grosse 4/4 antique, m'a pris très vite (même pas une demi-heure après avoir quitté le foyer) et m'a déposé à Valdepenas, ce qui m'a fait faire encore un grand bond vers le sud. Le temps ici est beaucoup plus clément et l'on commence à sentir très nettement les jours rallonger ce qui, indéniablement, me met du baume au coeur...

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25 janvier 2005

Je suis de nouveau sur la route depuis ce matin.

    Je suis de nouveau sur la route depuis ce matin. Il faut à tout prix que je descende vers le sud; je me souviens de ces journées chez Maria comme d'un intermède lumineux dans la noirceur du monde. Il ne fallait pas gâter cette bénédiction en restant trop longtemps chez elle mais avec le bitume luisant, l'humidité et le froid, je retouve ma vieille mélancolie. L'homme avance avec courage et détermination tant qu'il a le sentiment d'être sur le bon chemin; mais, au contraire, lorsqu'il s'est perdu, lorsqu'il ne sait plus dans quelle direction tourner ses pas, il sent l'accablement, la fatigue et le découragement l'envahir. Il est incroyable de songer à quel point ce qui pouvait  paraître évident, couler de source ou aller de soi quelques mois plus tôt devenait tellement absurde, insensé, incompréhensible. Une idée, une toute petite peut éclairer la route sur des milliers de kilomètres et quand cette étincelle faiblit, chaque pas peut devenir un calvaire.

   Je sais que tant que cette petite lumière ne brillera pas à nouveau, le chemin de croix continuera. Tout ce qui se passe bien paraîtra dérisoire et tout ce qui va mal grossira et enflera comme dans un miroir déformant de fête foraine. Je ne peux pas croire que tout puisse être remis en question en si peu de temps, que les perspectives de tout ce qui nous entoure puissent se gauchir aussi brutalement. Je le sais pourtant que tout cela n'est qu'illusion, que tout cela n'est qu'un jeu de dûpes. Il y a quelques mois, je pensais avoir compris où se trouvait la vérité, la vie, l'authenticité. Je croyais être guéri des miroirs aux alouettes, des doreurs de pilule, je pensais avoir trouvé ma voie, être sur le bon chemin, convaincu que mon existence avait un sens... Et aujourd'hui, tous ces décors réconfortants se sont effondrés comme des paravents en trompe-l'oeil et les arbres, les chats, les chiens, les oiseaux et les passants ricanent sur mon passage. Regardez, semblent-ils dire, ce pauvre hère qui n'a nul endroit où aller... Comme il est triste de rencontrer des êtres aussi démunis. Vic serait bien restée au coin du feu, elle aussi : elle me regardait souvent avec ses grands yeux tristes comme pour me dire : mais tu sais, je suis quand même contente de trottiner à tes côtés... Tu es mon maître et c'est mon devoir de te suivre où que tu ailles...  Oui, et je songe aussitôt, parce que les idées quand elles s'y mettent font souffrir plus que des lames aiguisées, de te suivre où que tu ailles même quand tu ne sais plus toi-même où aller! Si encore tu étais tout seul... Mais tu l'entraînes dans ta misère, dans le froid, dans des journées sans feu et sans pain!

    C'est en ruminant ces idées noires que j'ai rejoint la Nationale 1:  nous sommes quelque part entre Miranda de Ebro et Burgos. Je m'accroche désespérément à l'idée que je me sentirai mieux plus au sud. Ici c'est montagneux tout autour et le brouillard est particulièrement glacial avec cette petite bise aigre qui me mord les mains. Il faut pourtant que je tende le pouce. Pendant une bonne heure, les poids-lourds m'ont frôlé à pleine vitesse comme des monstres furieux et aveugles, sans même ralentir un tant soit peu. Et puis, Ô miracle ! Il y en a un qui a daigné s'arrêter : un très gros semi-remorque bâché... Ne croyez pas que ce soit un handicap de faire du stop avec un chien : au contraire... Les routiers qui aiment les cleps s'arrêtent plus volontiers. Et puis, faut dire que Vic a une tellement bonne bouille!

22 janvier 2005

Je suis toujours chez Maria Dolores. Elle ne veut

    Je suis toujours chez Maria Dolores. Elle ne veut pas que je lui paie quoi que ce soit pour la chambre ou les repas. Ellle m'a dit que la maison était beaucoup trop grande pour elle toute seule et que ça lui faisait de la compagnie. Ses enfants ne viennent plus jamais la voir. Alors cet après midi je lui ai fendu du bois pour la cheminée. Elle a voulu en fin d'après-midi que je lui chante quelques chansons françaises. Elle a les cheveux gris et de grands yeux très noirs pleins d'attention pour les autres et de compassion.
21 janvier 2005

Elle a insisté pour que je reste pour le dîner.

     Elle a insisté pour que je reste pour le dîner. Elle s'appelle Maria Dolores et elle ressemble un peu à ma grand-mère, enfin à l'image que j'ai de ma grand-mère parce que je ne l'ai pas vue depuis au moins quinze ans. Elle m'a même prêté des vêtements secs, des vêtements de son défunt mari qui faisait à peu près la même taille que moi. Le soir, elle nous a servi une soupe aux haricots et aux tomates. Je n'avais jamais trouvé une soupe aussi bonne. Même Vic a eu sa part. La vie reprend des couleurs. La bonté de cette femme irradie partout dans la maisonnée et me réchauffe le coeur. 

20 janvier 2005

Si la dernière fois que j'ai écrit était une

     Si la dernière fois que j'ai écrit était une triste journée, que dire de celles qui ont suivi ? Le pot au noir complet... Le désespoir à l'état pur, un concentré de spleen avec des milliers d'araignées dans la tête. Je n'avance plus depuis hier. Je suis arrivé dans un petit village, je me suis assis sur un banc et je suis resté là pendant des heures. Il s'est mis à pleuvoir et je n'ai pas bougé. De plus en plus fort. Vic attendait à mes pieds stoïquement mais j'avais à peine conscience de sa présence. Une femme s'est approchée et m'a parlé en espagnol. Je n'ai rien compris mais elle m'a fait signe de la suivre et je l'ai suivie, Vic sur mes talons. Nous étions trempés. Elle nous a fait rentrer chez elle et nous a installés près de la cheminée où flambaient quelques grosses bûches. Elle m'a servi du thé brûlant. j'étais incapable de prononcer le moindre mot et je dégoulinais littéralement. Le thé m'a redonné un peu le sens des réalités et j'ai eu honte de moi. J'ai balbutié :"Gracias..."
16 janvier 2005

Triste journée. Vic, elle même, semble s'étonner

Triste journée. Vic, elle même, semble s'étonner de mon manque d'allant. J'ai le coeur gros. Et j'ai l'impression qu'on n'en finit pas de se traîner sur des routes sans intérêt parmi les déchets de toutes sortes. C'est incroyable comme  le bord des route est sale! Tout ce que les gens en voiture balancent sur la route! Il fait froid aujourd'hui dans ce coin de l'Espagne où bien peu de touristes doivent faire escale... Aujourd'hui, je vois vraiment tout en noir... Cette fichue mélancolie qui m'empoigne le coeur; je n'en finis pas de me demander où je vais et ce que je cherche au bout de tout ça, vers cet horizon qui se dérobe à chaque pas. Si j'avais choisi la vie de tout le monde, peut-être serais-je plus heureux ? J'irais travailler dans la journée, dans un bureau ou une usine, et je rentrerais le soir chez moi et ma femme aurait préparé un bon pot au feu. J'aurais lu une histoire aux enfants au moment de les coucher et on se serait installé devant la télévision dans notre petit salon bien douillet. Cette vie, pourtant, j'aurais pu l'avoir, mais à l'époque, je n'en avais pas voulu. L'occasion s'était même représentée une fois ou deux, mais je m'étais entêté. J'étais persuadé que j'étais fait pour avoir une autre vie. Et voilà où j'en suis aujourd'hui : mon coeur est triste et j'ai mal aux pieds...

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